Depuis très longtemps (plus de vingt ans), j’avais un rêve ! C’était de marcher sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle ! Ce n’est pas un désir par dévotion, mais j’aime beaucoup marcher. Enfin à l’occasion de mon jubilé d’argent de vie religieuse, j’ai demandé et j’ai obtenu la permission. Mais il fallait attendre trois ans encore à cause de la Covid et encore une autre année ayant eu un empêchement. Sincèrement, j’ai douté que le Seigneur ne voulait pas de ce projet. J’ai été déçue. Finalement, même le jour du départ, je n’ai pas complétement réalisé ce voyage.
Je me lance. Le premier jour 21 km, le deuxième 25 km puis le troisième 37 km. Selon les pèlerins qui ont commencé bien avant moi, ont eu des ampoules aux pieds, mais je n’ai rien eu… Tous les matins, je me sens bien pour une journée de marche. Normalement, je suis partie à six heures du matin et l’arrivée au plutôt à quatorze heures – quelques fois à seize/ dix-huit heures. Il y a du monde sur le chemin surtout entre huit heures et quatorze heures. Cela étant, il y a moins de personnes. Souvent, je marche toute seule dans les champs immenses et le chemin est tout droit pendant des km. Heureusement, il est toujours bien indiqué. Le matin est sombre : je ne voyais pas grand-chose. Les nationalités sont diverses : des français, des allemands, des américains, des latino-américains, des coréens. La langue commune est l’anglais. Malgré tout, on se fait facilement des amis. J’ai eu la chance d’avoir du beau temps sauf sur deux jours – un peu de pluie, mais un clin d’œil du Seigneur avec un magnifique arc-en-ciel ! Un moment plus marquant que j’ai traversé seule : je me suis engagée dans un chemin plus long que prévu sans trop réfléchir, dans des immenses champs de tournesols tout brûlés, une terre desséchée. Je suis toute seule invoquant au Seigneur les intentions confiées par des amis. Je chante à haute voix face à Lui dans cette terre désertique.
Le dixième jour : j’ai passé deux nuits chez les bénédictins de Rabana del Camino. J’ai pu faire une journée de récollection. Je me suis rendu compte que le Seigneur a tout préparé. J’ai demandé la grâce d’avoir une confiance totale, car c’est Lui qui sait tout au moment favorable. J’ai logé avec une femme de Lituanie dans une même chambre. En plein nuit, mon sommeil a été perturbé.
Cette dame sifflait par la gorge et le nez…. Pourtant, j’ai vécu pire comme situation, mais je n’arrivais plus à me rendormir. Après deux heures à tournicoter, je me suis décidée à partir… Il était trois heures et demie.
J’étais fatiguée… Vers 15 heures, il me reste à faire encore six km. J’ai pris un taxi avec un couple français qui venait de années. Ils m’ont offert la course. Une chance, j’étais en train de me reposer de cette marche que deux pèlerins s’approchent et me montrent un téléphone portable ramassé sur le chemin. Je constate que c’était le mien. Je ne me suis pas aperçue de cette perte. Quelle chance de le retrouver ainsi ? Si je l’avais égaré ce n’est pas sûr que mon voyage aurait pu continuer. Tous ces événements ont été filtrés par la grâce de Dieu. Le dernier jour de ce pèlerinage, je suis partie à
six heures trente et j’étais pressée pour avoir la messe de midi à Saint Jacques de Compostelle. Hélas, lors de mon arrivée, il est midi – la porte est fermée. Durant cette messe, l’encensoir géant est allumé et est projeté vers l’autel.
Une amie m’avait raconté ses émotions que je
souhaitais vivre ! A la messe du soir, je suis arrivée une heure avant. Je prie pour le monde et
je fais action de grâce au Seigneur pour tant de
choses mystérieuses qui se sont réalisées. J’ai
demandé surtout « le pardon » aussi, car j’ai
manqué de confiance envers le Seigneur.
Je remercie la Congrégation et toutes nos
sœurs qui ont prié avec moi.
Les amis qui se sont manifestés par des gestes d’amitié de multiples façons tout au long de mon chemin vers Saint Jacques de Compostelle. Après ce pélé de vingt jours, je me sens rassasiée pleinement par la grâce du Seigneur ! Je suis heureuse !
Sœur Angela Song